Au fil de la Bouble
En remontant la Bouble à Chantelle
Depuis le pont des Eaux Salées
J'ai rencontré une rivière enchantée
Qui sifflote son air éternel
A la passerelle de Font-Corne suspendue
Au-dessus d'un passage secret
J'ai franchi les portes d'un monde oublié
Où errent toujours des souvenirs perdus
Au moulin du Carrousel
Fantôme de pierres et de lianes enlacées
Volettent les libellules en dentelles
Sur la chanson en ronde des fées
Plus loin sur le pont de l'abbaye
Une princesse rêve encore à son pays
Jadis comté à perte de vue
Sur l'onde reste une ombre ténue
Puis sous les charmes d'un sous-bois
Le Grand-Moulin a laissé sa porte ouverte
Entre qui veut sous la voûte des branches vertes
Vieux murs sans toit sous le ciel en émoi
Du moulin Baron et du moulin Collin
Il ne reste presque plus rien
Une vieille meule de pierre sans fin
De fidèles écluses et leurs refrains
Mais plus en amont survient l'apothéose
Quand la rivière nous offre sa rose
L'antique Témoin le gardien du lieu
Tout de pierres gravées le Moulin-Dieu
En traversant l'eau m'a paré d'habits neufs
J'ai lu alors en capitales grecques
« Moulin-Dieu donne du pain aujourd'hui 1849
Et dans les siècles des siècles »
Pascal PINEL
Chantelle, le 8 novembre 2003